LE JAUNE

Une couleur lumière aux reflets d'éternité

Le jaune naît avec l’aube. Avant même que l’humanité ne nomme la lumière, l’or en fut le premier reflet. Métal solaire par excellence, l’or — dense, rare, inaltérable — cristallise les valeurs de beauté, d’éclat et d’immortalité. En Égypte ancienne, il est la chair des dieux, le soleil enfoui sous terre. À travers les civilisations, de l’Antiquité gréco-romaine aux cosmogonies orientales, le jaune s’ancre dans les récits mythologiques comme la couleur des dieux lumineux : Apollon, Hélios ou Aphrodite aux cheveux dorés.

Le jaune est l’âge d’or, celui de la joie et du bonheur. Une teinte fondatrice, rayonnante, à la fois sacrée et bienveillante, qui accompagne les premières représentations du monde. Lorsque les enfants dessinent le soleil, ils le colorent en jaune. L’instinct, ici, rejoint le mythe.

Une couleur équivoque, entre lumière et mensonge

Mais le jaune, couleur solaire, connaît aussi son obscurcissement. Dès le Moyen Âge, il devient ambivalent. Si la chevelure blonde demeure attribut de beauté et de noblesse, le jaune, lui, se trouble. Dans la médecine humorale médiévale, il incarne le tempérament colérique : bile chaude et sèche, violence, instabilité. Il devient la couleur de l’envie, du mensonge, de la trahison.

Dans les vitraux gothiques comme dans les récits littéraires, le jaune prend des visages trompeurs. Renart, ce rusé goupil du XII siècle, tombe dans une cuve de jaune pour mieux duper ses ennemis. La couleur, dans ce récit, se fait déguisement, artifice, duplicité.

Jaune, couleur des masques et des faux-semblants. D’un éclat, il attire ; d’un soupçon, il inquiète.

Une couleur marginale, éclatante et déchue

Du XVI au XIX siècle, le jaune se fragmente. Dans la peinture, il se nuance : jaune d’argent dans les vitraux, jaunes ocrés chez Vouet ou Fragonard, citron et soufre dans les natures mortes. Il enrichit la lumière, mais se fait discret, relayé par des teintes plus chaudes ou brunes, préférées pour leur subtilité.

Dans la société, la couleur s’efface ou se stigmatise. Passeport jaune des bagnards, ticket jaune des prostituées, presse "yellow" à scandale : le jaune marginalise. Il devient l’ombre sociale de sa propre lumière. En argot, il désigne le traître ou le peureux. La langue trahit ce désamour, comme le verbe "jaunir", synonyme d’altération et de déclin.

Une couleur spectacle, ludique et vibrante

Pourtant, malgré son rejet, le jaune n’a jamais cessé d’éblouir. Il est couleur de scène, de théâtre, de fête. Couleur des clowns, des panoplies, des jouets — une teinte qui ne s’excuse pas d’être vue. Il attire le regard, provoque la surprise, parfois le rire.

Delacroix le dit « signe de joie et de plaisir ». Van Gogh, dans le Sud, s’y abandonne : jaune citron, jaune soufre, jaune d’or. Une lumière brute, quasi hallucinée, inonde ses toiles. C’est un jaune sans filtre, incandescent, qui consume et révèle.

Une couleur sportive, vivante et populaire

Le jaune se réinvente dans le mouvement. Le maillot jaune, né en 1919, distingue le leader du Tour de France. Il symbolise la première place, la performance, la lumière en tête du peloton. La balle de tennis, devenue jaune pour être mieux visible, devient à son tour un emblème d’énergie contemporaine. Le carton jaune, enfin, codifie l’avertissement, rend la couleur légitime dans les règles du jeu.

Jaune fluo, jaune soleil, jaune acide : la couleur devient signal. Elle ne se cache plus, elle affirme. Elle s’impose dans l’œil moderne comme un éclat nécessaire.

Le jaune chez A.GUYARD 

Chez A.GUYARD, le jaune n’est jamais univoque. Il est lumière, mais aussi mémoire. Il raconte les jours heureux, les promesses de l’aube, les gestes intimes qui traversent le temps. Dans chaque bijou jaune — éclat de saphir solaire, citrine d’automne ou grenat spessartite bruni par le feu — se reflète un fragment de ce double héritage : celui du sacré et du vivant.

Le jaune est la couleur du lien. Une pierre jaune ne s’impose pas : elle rayonne doucement, avec la tendresse des souvenirs transmis, la chaleur d’un geste offert. Elle est un soleil minéral qui épouse la peau, un éclat qui ne juge pas mais accompagne, dans la joie comme dans la complexité.

Offrir un objet de joaillerie A.GUYARD de couleur jaune brûlé, c’est offrir une lumière qui ne s’éteint pas.