LE VERT
Une couleur vivante, de l'instant
Couleur du vivant, le vert est à la fois apaisant et ambivalent. Il évoque la nature, l’espérance, l’équilibre mais aussi l’invisible, l’alchimie, la métamorphose. Symbole universel du renouveau, il promet un monde en perpétuel recommencement, incarne l’équilibre fragile entre force vitale et sérénité.
Une couleur incertaine
Dans l’Antiquité, le vert est difficile à fixer. Les pigments végétaux s’effacent, les minéraux s’oxydent, le vert se transforme avec le temps. On l’obtient par mélange, par superposition, ou en extrayant la malachite, le vert-de-gris ou encore la terre verte. Ces nuances, capricieuses, résistent à la permanence. Le vert devient ainsi la couleur de l’impermanence, de la frivolité.
Le printemps ne marque pas seulement le réveil de la nature, il voit aussi renaître les élans du cœur. Le vert est aussi la couleur de l’amour naissant, de l’amour jeune et plein d’espérance, de l’amour impatient.
Associé à Vénus dans la Rome antique, à la fertilité dans les cultes païens, il est tantôt érotique, tantôt sacré. Dans les manuscrits médiévaux, il orne les jardins clos, les manteaux de chasse, les forêts de l’inconscient. Le vert est un ailleurs : celui de la forêt profonde, du monde végétal, du lien secret entre l’homme et la terre.
Le vert, entre mystère et destinée
Au Moyen Âge, le vert inquiète autant qu’il séduit. Il devient la couleur des êtres surnaturels, des fées, des démons, des herbes médicinales. Couleur du hasard, du jeu, de la chance ou de la trahison, il oscille entre le profane et le magique. Dans les enluminures, il sature les fonds de scènes bucoliques mais reste rare dans les vêtements nobles.
À la Renaissance, le vert change de statut. Il devient la couleur du savoir botanique, des paysages idéalisés, de la jeunesse. Léonard de Vinci s’en sert pour modeler les arrière-plans, Véronèse l’applique dans les drapés vibrants. Le vert, désormais maîtrisé, se fait symbole de régénérescence et d’harmonie, guidé par la science et les arts.
Longtemps banni des scènes théâtrales pour sa réputation instable, il fut la teinte des rebelles, des libres penseurs, de celles et ceux qui choisissent d’habiter le monde autrement.
Couleur de la surface où se décide le sort d’une partie, le vert et la couleur du jeu, du destin.
Une modernité verte: écologie, art et imaginaire
Le XIXe siècle marque une explosion des verts dans la mode, la peinture, l’architecture. Grâce à de nouveaux pigments de synthèse, le vert s’impose dans les décors et les étoffes. Il devient couleur du romantisme, de l’introspection, mais aussi de la révolte douce contre l’industrialisation.
Dans les avant-gardes du XXe siècle, le vert est réinventé : celui d’Henri Rousseau, luxuriant et naïf ; celui de Matisse, vif et audacieux ; celui de l’art abstrait, pur et énergétique. Aujourd’hui, le vert est synonyme de conscience écologique, d’innovation durable, de retour à l’essentiel. Il accompagne les utopies contemporaines, entre futurisme doux et mémoire ancestrale.
Le vert chez A.GUYARD
Chez A.GUYARD, le vert est riche et complexe. Il est tension et équilibre. Il surprend par son ambivalence : couleur de l’espoir, mais aussi de la jalousie ; de la chance, mais aussi du sort. Il interroge, fascine, trouble. Et c’est là toute sa force. Il raconte la tension et l’équilibre, le calme et l’impertinence, la nature maitrisée et l’instinct brut. Porteur d’un équilibre rare, le vert est celui qui relie — le ciel à la terre, le passé à l’avenir, le silence à l’émotion.
Le vert accompagne les gestes qui comptent, les instants suspendus, les transmissions essentielles dans une élégance organique.